Le nerf vague. Le tonifier avec la douche froide.

La douche froide et consciente est une pratique, en complément de la cure Vittoz, qui peut entrer dans une stratégie de guérison intérieure ou d’assouplissement fonctionnel. Pratiquée quotidiennement, elle stimule le nerf vague et renforce la capacité de résilience.

Le Système nerveux autonome au centre de notre adaptation au milieu

La méthode Vittoz est une thérapie à médiation corporelle et les relations corps-esprit reçoivent leurs fondements scientifiques de la psychophysiologie. Celle-ci propose que le système nerveux est l’unité fonctionnelle à la base des processus physiologiques et psychologiques.

Dès le début du XXème siècle, John Langley explique que le Système Nerveux Autonome est en charge de l’homéostasie, l’équilibre des milieux intérieurs. Il est en effet responsable de nos fonctions automatiques (respiration, digestion, …)

Puis Walter Cannon (1915) met en évidence les différentes phases de mobilisation physiologique d’un organisme pour s’ajuster à son environnement.

Le Système Nerveux Autonome (SNA) ayant pour mission de veiller à nous adapter à toutes les situations d’insécurité et toutes les “nouveautés”.

C’est l’équilibre entre les deux branches orthosympatique et parasympathique qui permet à l’organisme de s’ajuster pour mettre en place une stratégie de combat, de fuite ou de repos voire de figement pour faire face à une situation vécue présentant un caractère nouveau ou dangereux. (danger physique ou affectif)

Les apports de la théorie polyvagale du Dr. Porges

En 1994, Porges étudie le contrôle neurologique du rythme cardiaque et affine la compréhension de la branche parasympathique du SNA. Ses recherches proposent l’apparition, il y aurait environ 80 millions d’années, chez les mammifères, d’une autre branche parasympathique.

Le parasympathique dorsal

Il distingue alors la 1ère, dite dorsale, car le noyau du Nerf Vaque est situé de façon dorsale, c’est-à-dire postérieure. Il est impliqué dans les processus de nutrition, d’assimilation et de restauration du métabolisme. En situation de danger il suscite une réponse de figement au niveau comportementale et métabolique, viscéral. (Baisse du rythme cardiaque,  et respiratoire, de la consommation énergétique en vue de la survie…) 

Le parasympathique ventral

La 2ème, dite ventrale, en raison de la position antérieure de son noyau d’origine dans le tronc cérébral, est associée au processus psychologique de l’engagement social, de la communication et offre des possibilités de réponse à l’environnement. Il gère les nerfs crâniens liés à ses fonctions sociales : sourires, mimiques, vocalisation… Grâce à lui, le mammifère, contrairement au reptile, peut trouver une alternative à la fuite et au combat…

Porges a pu quantifier le tonus du parasympathique ventrale grâce une variable cardiaque liée au rythme respiratoire et démontrer que celle-ci était sous son contrôle. L’attention à votre respiration va tenir un rôle important au long de la cure Vittoz. Vous apprendrez à l’observer, puis à en tirer profit.

Le nerf vague tonifié ajoute de la souplesse dans le fonctionnement du SNA

Ce qui nous intéresse ici particulièrement c’est ce que souligne Michel Schittecatte dans la présentation des ces études sur les mammifères:

 “Le tonus élevé de la branche ventrale du système parasympathique sous-tend d’une part l’exploration de l’environnement”  afin de trouver des sources de nourriture et d’autres part les comportements à visée relationnelle d’engagement social, de communication, de sexualité, de soins à la progéniture.”

Cette tonicité varie en fonction de l’environnement : nouveauté présentant ou non un danger. Notre capacité à nous confronter à une nouveauté, et au danger qu’elle représente, va varier en fonction de la tonicité du nerf vague et de la branche qui est sollicitée.

Au vue de cela il apparaît que notre capacité à passer d’un état à un autre, à changer d’état quand nous en ressentons le besoin soit favorisée par une activité efficace du nerf vague.

Cela présente un  intérêt pour nous car les exercices de la cure Vittoz peuvent vous aider à retravailler la tonicité du Nerf Vague en apprenant à solliciter le parasympathique ventral dans votre quotidien, par l’affinage de réceptivités somesthésiques ou extéroceptives variées.

"A little bit of a bad thing is a good thing"*

*Un petit peu d’une mauvaise chose est une bonne chose.

En renfort de ces pratiques, selon un principe appelé l’hormèse,  faire travailler le nerf vague en le soumettant par moments à de micro-stress (par leur caractère inattendu et légèrement inconfortable pour le corps et le psychisme), permettrait de l’entraîner, de le tonifier afin de faciliter l’équilibrage des composantes sympathiques et parasympathiques de notre SNA.

Il s’agit de surprendre le corps de multiples façons et de le confronter à sa capacité d’adaptation existante pour la pousser un tout petit peu plus loin. Le jeûne intermittent ou la douche froide en sont des exemples accessibles au plus grand nombre et …   Attention ! Il n’est pas ici question de se faire du mal.

Dans ces moments, essayez d’être attentif à l’état de votre respiration telle qu’elle est avant de la ralentir ou de l’approfondir pour retrouver votre confort, la réponse à votre besoin en oxygène dans l’instant.

Un capacité de résilience renforcée

Dès lors, certaines pratiques mettrons l’organisme en situation de réaction (fuite ou combat) sans risque majeur réel et permettront d’entraîner ce dernier à s’adapter de plus en plus rapidement à des situations critiques, que ce soit un danger physique ou affectif, social. Pour résumer, cela permet d’acquérir une meilleure maîtrise de soi, sans trop de tension et en souplesse.

Avant et après une telle pratique prenez toujours le temps d’observer votre état général (corps, mental, affect) pour prendre acte de ce qui se passe en vous, et l’assimiler, l’engrammer dans vos circuits neuronaux.

Félicitez-vous pour vos petits efforts et actez que c’était possible. Vous avez fait ce que vous vouliez, ce qui était possible vous l’avez fait !

NERF VAGUE

 

PRECISIONS !

La douche froide n’est pas

un exercice de la cure Vittoz !

C’est une proposition de Stéphane Janssoone, ancien athlète de haut niveau spécialisé dans l’accompagnement sur le travail de la respiration que j’ai jugée intéressante et qui vient en complément de la cure, pour qui se sent disposé à de petits challenges.

Dans le cadre d’une thérapie Vittoz, une douche consciente est une pratique qui ne demande aucun effort à la personne et qui en soi est déjà bienfaisante et efficace pour le rétablissement du contrôle cérébral.

 
 

En pratique...

Après l’avoir décidé, vous entrez dans votre douche, et vous commencez par mouiller vos pieds.

Prenez le temps nécessaire à ce stade pour accueillir toutes les sensations (la température de l’air sur votre peau, celle de l’eau, votre posture, votre place dans l’espace disponible, le sol, l’adhérence, le poids au niveau de la plante de vos pieds, la lumière, les couleurs, les odeurs, les sons … )  tout cela sans jugement.

Montez par paliers successifs au niveau de la cheville (droite puis gauche), de la même façon , les jambes, les genoux, les cuisses, le siège…

Le passage sur le buste qui abritent des organes vitaux peuvent déclencher un réflexe de fuite ou d’autoprotection. Le SNA* fait son travail.

C’est alors le moment d’accueillir ce qui se passe en vous tant au niveau corporel, qu’émotionnel et toujours sans jugement.

De laisser passer et de rester un peu avec ce qui se présente : envie de renoncer, de partir, ou désir de challenge… et de laisser passer ces pensées … Votre vie n’est pas en jeu, et vous avez les moyens de dépasser cet inconfort temporaire. Restez alors attentif à votre respiration.

Observez la réaction du système sympathique : accélération du rythme cardiaque, contractions musculaires…

C’est alors la respiration qui va vous permettre d’accompagner en souplesse le retour au calme. Commencer par l’accueillir telle qu’elle est, puis approfondissez doucement les expirations par la bouche.

Bravo ! Vous venez de vous laisser traverser par une situation de stress. Vous avez survécu, votre corps s’est adapté, votre mental a dépassé le découragement et s’est renforcé. Félicitez-vous et goûtez dans la détente le confort retrouvé !

La répétition quotidienne de ce moment offre à tout votre être un souvenir répété de résilience qui viendra affermir votre confiance et assouplir le rééquilibrage Sympathique/Parasympathique…

Si en raison d’un traumatisme ou d’un trop grand état de vulnérabilité vous n’étiez pas en mesure de réaliser cette pratique ne vous formalisez surtout pas ! Ce n’est peut-être pas le moment. Votre thérapeute vous aidera à trouver la pratique adaptée à vos besoins aujourd’hui ! Le principal est de rester bon avec vous-même et en accueillant ce qui est possible ici et maintenant.

*SNA Système Nerveux Autonome.

Sources:

Michel Schittecatte. Les fondements des psychothérapies .  Apport de ” La théorie polyvagale des émotions” de S.W. Porges à la psychothérapie des états dissociatifs. Dunod Paris 2014

Stéphane Janssoone – ” La respiration” – Bien plus qu’un pratique essentielle. Dauphin éd. , Paris 2022

https://nospensees.fr/la-theorie-polyvagale-comment-detectons-nous-les-signes-de-danger/