Les difficultés attentionnelles sont aujourd’hui regroupées de façon assez systématique dans les TDA/H : Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement. Problématique neuro ou psycho ? La solution médicamenteuse est-elle la seule solution ? De quoi relève se trouble qui rend la vie bien difficile de environ 5,9% des enfants d’âge scolaire (1 à 2 par classe) et 3% des adultes
"TDA/H" de quoi parle-t-on ?:
A partir des années 80, on s’intéresse particulièrement à ce qui est aujourd’hui défini comme “un trouble du neurodéveloppement” et qui aurait toujours été présent .
Il se caractérise par:
– un déficit de l’attention ;
– l’impulsivité (sachant que cette impulsivité est toujours une conséquence du déficit attentionnel : « l’action précède la pensée » ; il s’agit
donc d’un élément essentiel du diagnostic) ;
– l’hyperactivité.
L’environnement tiendrait une place majeure dans l’apparition des symptômes avec comme principaux facteurs :
- Le stress
- L’absence de plaisir (qui semble déduit de l’action positive des traitements médicaux sur le système dopaminérgique.)
Qu'entend-on par "attention" ?
Différents niveaux d’attention
L’Alerte, l’éveil
Etat de vigilance déclencheur des autres niveaux et sa qualité. S’il est trop élevé il peut susciter le stress, voire l’anxiété.
Attention sélective
Capacité à choisir dans notre environnement, un stimulus plutôt qu’un autre.
Attention divisée ou partagée
Multitasking – Capacité à faire plusieur choses en même temps tout en se rappelant ce qui est fait. (En réalité vision biaisée, puisque le cerveau ne peut traiter qu’un information à la fois, il s’agirait alors d’une attention selective alternée très rapide.)
Attention soutenue
Le fait de garder longtemps son attention sur une chose en particulier
Apparaissent souvent deux autres pratiques retrouvées chez les personnes qu’on diagnostique aujorud’hui comme TDA/H :
L’Hyperfocalisation : Suscitée par l’investissement exclusif de l’attention sur un détail au détriment de la prise en compte du reste de l’environnement.
Auto-stimulation : Répétition d’actions où l’attention est particulièrement centrée autour d’un thème qui peuvent rappeler certains comportement névrotiques obsessionnels.
Les symptômes déterminants pour les diagnostique:
– Inattention/Distractibilité
– Perturbation du “timing moteur” : ajustement du comportement moteur à des stimuli temporels temporels internes ou externes (ex. Frappez dans une balle de tennis au bon moment )
– Difficulté dans la perception du temps et des séquences temporelles.(impacte la planification des tâches quotidiennes…)
– Prévision des conséquences temporelles des actions à plus ou moins long terme. (génère potentiellement de l’impulsivité…)
Quels sont les symptômes souvent associés?
Les personnes qui souffrent de trouble de l’attention ont souvent également d’autres difficultés qui s’expriment dans le quotidien :
- Aucun moment ne doit être perdu… (ce qui engendre inquiétude, stress, voire anxiété…)
- Elasticité subjective du temps particulièrement impactante. (pouvant engendrer de l’angoisse, et un sentiment d’être perdu, et “à parté du monde…
- Hypersensibilité (sensorielle et émotionnelle)
- Irritabilité
- Humeur changeante
- Emotivité
- Difficulté relationnelles (stress d’une vie désordonnée, explosion émotionnelle, impulsivité, cercle de la répétition et de la multiplication…) en couple, parent/enfants, …
- Souffrance de l’incompréhension de l’entourage
- Sentiment de rejet
- Installation de croyances nocives, déterminisme délétère.
L'organisation du dépistage en France
C’est le questionnaire du DSM V qui donne les repères et propose un questionnaire pour guider l’anamnèse du patient.
Les familles qui évoquent auprès de leur médecin traitant de telles difficultés
sont envoyées vers un professionnel de la santé mentale. Seul le psychiatre est autorisé à poser un diagnostique. Quand vous avez réussi à obtenir un rendez-vous, un simple examen clinique suffit. (entretien avec anamnèse, c’est-à-dire, histoire émotionnelle et relationnelle de la personne)
Les neurospychologues proposent des tests qui n’ont pas valeur de diagnostique, en revanche cela peut aider la famille à pousser la porte du psychiatre et à obtenir un projet personnalisé de scolarisation (ex. Tiers temps aux épreuves nationales). Il faut compter au moins 350 euros (non remboursés.
Après cela, un médecin peut mettre en place une pharmacologie (stimulante ou non stimulante) si elle jugée nécessaire par le médecin et désirée par la famille. On peut comprendre les familles concernées par cette souffrance du quotidien, handicap invisible qu’est la souffrance psychique, qui espère devant cette proposition une sortie du tunnel.
Pour les adultes :
Les adultes peuvent être considérés comme des enfants non dépistés. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque la communication massive sur le sujet est assez récente. En outre, c’est l’existence des symptômes depuis l’enfance qui va être déterminante pour ce diagnostic. La prise en charge est encore très hésitante par les psychiatres. Des tests en lignes sont accessibles (DIVA 5 ou ACE +) pour aider les personnes à avancer sur leurs questionnements, des associations accompagnent sur ce chemin de Damas (ex. HyperSuper) …
Quels sont les traitements ?
On a observé chez les personnes souffrant de troubles de l’attention des dysfonctionnement dans les zones du cerveau contrôlée par deux neurotransmetteurs la dopamine et la noradrénaline. La plupart des traitements agissent donc sur ces éléments qui sont impliqués dans l’éveil,
la vigilance et l’impulsivité.
On trouve deux grands groupes de traitement :
– Les pychostimulants (ont des propriétés éveillantes) Méthylphénidate et amphétamine – ont une action sur la dopamine.
– Les non-stimulants : atomexétine et guanfacine– ayant pour la plupart une action sur la noradrénaline
Traitement ou pas ?
Les traitements ne sont pas curatifs. On peut comprendre que les parents hésitent à mettre leurs enfants sous Ritaline. Il peut paraître effectivement contraire au bon sens de stimuler un fonctionnement nerveux pour obtenir qu’un enfant soit canalisé par une meilleure capacité de concentration momentanée.
On sait en effet qu’il ne s’agit pas de guérir mais de limiter sur une période courte (3 à 5 heures) les symptômes.
A moyen terme, (2 ans) le traitement perd de son efficacité
On sait aussi qu’à long terme (8 ans) une prise en charge psychothérapeutique adaptée est aussi efficace.
Or prendre le temps d’une thérapie fonctionnelle permet de travailler sur la capacité d’attention et améliorer le confort de vie au quotidien. Cela peut sembler plus fastidieux et plus exigeant pour les familles dont la vie à la maison est devenue une vraie souffrance.
Quel traitement pour les adultes ?
Chaque jour la liste de témoignages de personnes ayant enfin réussi à décrocher un traitement s’allonge sur les réseaux sociaux. Il est parfois attendu comme une délivrance inespérée, et les conseils vont bon train pour trouver le parcours de soin le plus rapide. Cette frénésie peut nous faire réfléchir sur le fonctionnement économique qui entoure ces pratiques et les questions éthiques qu’elle soulève. Nos modes de vie connectés nous privent de plus en plus de nos moyens d’attention, ce qui met une grande partie de la population en souffrance (qui est bien réelle !) et par quel heureux hasard les laboratoires répondent encore une fois présents au rendez-vous d’urgence ! Une synergie des moyens (information, médicaments, politique de santé…) semble être mise en place au service d’un groupe de personnes qui prend de plus en plus d’ampleur.
Concernant le traitement des adultes, il n’existe pas encore à ce jour d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le TDA/H adulte. Un médecin peut cependant librement en prescrire (hors- AMM) s’il dispose d’informations « scientifiques » disponibles motivant sont choix. Un médecin peut donc prescrire avec un suivi nécessaire de la Ritaline ou un traitement non stimulant comme le Straterra (inihibant la recapture de Noradrenaline) . Le traitement étant assimilé à un substitut de stupéfiant amphétaminique.
La question fait débat et les laboratoires sont sur les starting-blocs pour venir soulager une multitude de personnes qui cherchent à sortir de l’enfer qu’ils vivent au quotidien en famille ou dans leur vie professionnelle.
Critique du TDA/H
A la recherche d’informations variées permettant d’affiner mon discernement je suis cependant restée sur ma faim devant cette répétition univocale, conduisant beaucoup d’enfants et de plus en plus d’adultes à la médication systématique.
Une voix semble se détacher du choeur cependant, celle de Caroline Goldman.
Je vous conseille l’écoute de son podcast “Critique du TDA/H” durant lequel vous ne perdrez pas votre temps.
Elle rappelle que dans des circonstances bien particulières ne permettant pas le développement normal de l’enfant, des troubles graves de l’attention surviennent effectivement (secousses du bébé, alcoolisme prénatal…).
L’enseignante chercheuse questionne aussi sur cette curieuse coïncidence entre la découverte de molécules, les parutions DSM et les politiques de santé mises en oeuvre par les Etat-Unis, puis en Angleterre et bientôt en France.
Elle rappelle que les comorbidités associées au TDA/H pourraient être considérées plutôt comme l’origine des troubles de l’attention. Rester fixé sur “une marche” du développement psychique cause en effet chez l’enfant des difficultés cognitives, émotionnelles et parfois physiologiques.
La psychologue, sans dénier le travail des neurosciences, concède qu’une différence de point de vue, qu’il soit depuis l’imagerie fonctionnelle ou depuis l’écoute de l’histoire de la famille peut mener au constat commun qu’un déficit de l’attention est souvent corrélé au contexte de développement qu’il faut questionner et à l’environnement qu’il convient de modifier. Mais son choix clinique est d’aller chercher à l’origine historique et de mener un travail thérapeutique d’accompagnement.
Remédiations proposées : revenir au contact du réel, psychoéducation et stratégie d'expertise
Les propositions qui accompagnement les traitements aujourd’hui :
Accompagner les familles dans une démarche de psycho-éducation peut leur procurer un soutien dans le quotidien, notamment par la mise en place de stratégies cadrantes, planification, stimulations cadrées, et
- Les pychothérapies conseillées reposent sur le concret, le réel. (Comme les TCC ou le la psychothérapie Vittoz) Il s’agit de remettre les choses à leur place, de reprendre sa juste place dans le monde qui paraît souvent infini et vaste, de travailler sur le temps , d’abandonner le catastrophisme et l’état d’urgence permanent, le tout ou rien, vivre pleinement l’instant présent, reprendre prise de façon active et valorisante sur la vie.
- Ce travail au long court restaure aussi l’estime de soi faussé et la confiance en soi considérablement altérée par les personnes souffrant de symptômes déjà évoqués. Sur ce point j’ai été assez impressionnée, je l’avoue, en me promenant sur les réseaux sociaux, de l’effet positif que cette approche semble avoir auprès des jeunes. Les outils utilisés ayant au moins le mérite d’avoir cet effet renarcissisant. J’en veux pour exemple ce jeune Arthur qui a fait de son trouble son expertise. Il dispense son témoignage dans un blog très soigné Eveil du TDAH , il partage ses expériences réparatrices et des conseils pour aménager son mode de vie.
Pertinence de la psychothérapie Vittoz dans les troubles de l'attention.
De mon côté je reconnais dans la Méthode Vittoz, et j’en ai fait l’expérience pour moi-même, un point d’appui assez évident dans le traitement de cette problématique d’attention, que ce soit d’un point de vue fonctionnel ou psychique.
Si nous n’avons nous, thérapeutes Vittoz ni la mission, ni la prétention de formuler un diagnostic clinique sur les situations qui nous sont présentées, nous sommes en revanche formés (et supervisés) pour accompagner de façon tout-à-fait pertinente ces problématiques d’attention en explorant le contexte de leur installation dans la vie de la personne.
Pourquoi ? Parce que c’est justement la raison d’être du Vittoz.
Roger Vittoz, médecin généraliste suisse, du début du 20e siècle, a eu cette formidable intuition d’explorer toutes les richesses du système nerveux qu’il a perçu très tôt comme essentielles dans les problématiques psychiques et dans l’apparition des maladies de ses patients. La méthode si simple et si actuelle qu’il a mise au point permet réellement d’apprendre à observer ce que notre corps veut nous dire quand nos défenses nous les caches.
Il a trouvé une porte pour trouver le repos de l’esprit déchaîné, pour utiliser de façon autonome et active un outil de présence attentive réellement performant.
Rééduquer notre fonctionnement cérébral, l’entraîner à sortir des voies neuronales nocives, en trouver de nouvelles. A la faveur d’une alliance thérapeutique propice, le questionnement de l’histoire personnelle à l’appui des exercices symboliques permet également de revisiter et de nommer les éléments qui auront pu être déclencheurs et d’aller vers une libération réparatrice de la personne.
Rappel Historique
Historique admis dans la dénomination de trouble rassemblés autour de l’instabilité neuro-motrice et parallèlement en pathologie clinique.
1882 : Ecole Primaire obligatoire en France – Événement révélateur de norme et de hors-norme attentionnelle.
1897 : Instabilité Motrice (Hoffman , all.)
1897 : Instabilité neuromotrice (Bournenille, Fr.) Notion d’arriération
1914 : Instabilité mentale comme syndrome (réunissant plusieurs symptôme:(défaut d’attention ou instabilité mentale, hyperactivité, comportement pervers avec incorrigibilité) Heuyer (Fr )
1920 : Brain damage syndrome (Still et Von Economo)
1925 : Wallon parle de syndrome de l’instabilité de l’enfant – Rupture entre neuropsychiatrie infantile et psychiatrie générale – abandon du principe d’arriération mentale– Lien entre entre activité nerveuse et activité psychique sans réductionnisme.
1944 : découverte du métylphénidate par Leandro Panizzon (stimulant proche de l’amphétamine, qui inhibe la recapture de la dopamine et stimule sa libération…)
1950 : Troubles affectivo-caractériels
1950 : Wallon reprend ses travaux et déplace le modèle neurologique vers un modèle relationnel (psychique) ce dernier étant lié à l’environnement de vie.
1955 : Wallon : «Syndromes d’instabilité posturo-clinique : syndromes d’hypertonie réflexe et d’instabilité posturale. » « Le seul trait commun semble être l’importance du facteur psychique ; le problème qui pourrait se poser est celui de savoir si c’est celui-ci ou le facteur neurologique qui constitue le point de départ de leurs réactions réciproques. » Lien direct entre un altération neurologique et une psychopathologie de l’enfant non établi.
Années 1960 : Le terme apparaît dans la classification
Années 1960 : Premiers enfants sous Ritaline
1974 : Syndrome hyperkynétique (DSM1– II) Bradley et Laufer
1980 : Déficit attentionnel DSM III
1987 : THADA (trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention)
1994 : TDAH est la traduction de l’anglais ADHD (DSM IV)
2013 : DSM 5, Critères diagnostiques du trouble TDA/H (Inattention, hyperactivité/impulsivité, date de reconnaissance de symptômes , et c.)
SOURCES