La solitude chez les jeunes atteints de TDAH.

La solitude chez les jeunes TDAH

De nombreuses études se concentrent sur le fonctionnement problématique des pairs dans le cadre du trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), mais la solitude a été moins étudiée. L’ article :  “La solitude chez les jeunes atteints de TDAH : une revue systématique et une méta-analyse » (1) a cherché à relever les différences de niveau de solitude entre les jeunes (moins de 25 ans) atteints de TDAH et ceux qui ne le sont pas, ainsi que l’association entre la solitude et les difficultés de santé mentale chez les jeunes atteints de TDAH.

Voici en substance ce que révèle l’article retranscrit, en partie, ci-dessous

La solitude vécue comme un signal pénible à prendre en compte

Les jeunes atteints de TDAH ont tendance à éprouver des difficultés dans leur fonctionnement social et leurs relations avec leurs pairs.(2) .

Une personne peut être objectivement isolée socialement sans pour autant avoir une perception négative de ses relations. De même, une personne peut trouver ses relations sociales insuffisantes malgré un large réseau social (3). Ainsi, la solitude reflète l’état émotionnel interne de l’individu et constitue une expérience pénible, qui peut servir de signal pour éviter les menaces pesant sur les relations sociales et pour motiver la réparation sociale.

Solitude et santé mentale dans le TDAH

La forte comorbidité avec les difficultés de santé mentale dans le TDAH a été bien documentée : les comorbidités peuvent être catégorisées en troubles/comportements intériorisés (par exemple, anxiété, dépression) et en troubles/comportements extériorisés.

Une étude a démontré que non seulement la solitude et la dépression sont plus élevées chez les adolescents souffrant de TDAH que chez leurs pairs, mais aussi que la solitude est un médiateur à part entière de la relation entre le diagnostic de TDAH et la dépression (4). Cela suggère que la solitude peut jouer un rôle crucial dans le développement de la dépression chez les personnes souffrant de TDAH.

L’objectif de la revue, a été de répondre à ces deux questions :

  1. Les jeunes atteints de TDAH souffrent-ils d’une plus grande solitude que les jeunes sans TDAH ?

Avec des résultats hétérogènes par ailleurs, toutes les études qui incluaient la solitude rapportée par les parents et les enseignants ont cependant rapporté des scores de solitude significativement plus élevés par rapport aux rapports des parents et des enseignants de jeunes non atteints de TDAH.

  1. Quelle est l’association entre la solitude et les difficultés de santé mentale (par exemple, la dépression, l’anxiété, le trouble des conduites) chez les jeunes atteints de TDAH ?

Pour la deuxième question de recherche, qui examinait l’association entre la solitude et les difficultés de santé mentale chez les jeunes atteints de TDAH, la plupart des études ont rapporté une association entre la solitude et les difficultés de santé mentale, y compris les comportements et symptômes intériorisés généraux, l’anxiété, la dépression, les comportements et symptômes extériorisés, et la toxicomanie.

Les troubles de conduite. (“extériorisation”)

Concernant l’extériorisation, c’est-à-dire les troubles de conduites. Houghton, Kyron, Lawrence et al. (2022) ont trouvé des corrélations significatives entre la solitude et les symptômes d’externalisation (par exemple, difficultés de conduite)

Intériorisation générale

L’étude de Smit et al. (2020) a révélé que les troubles intériorisés du K-SADS (5a), qui couvrent l’endossement de tout trouble anxieux ou dépressif, présentaient des corrélations positives significatives avec la solitude après contrôle du sexe, de l’âge et des troubles extériorisés.

Dépression

Trois études ont exploré l’association entre la solitude et la dépression (5b). Parmis elles, Meinzer et al. (2013) ont constaté que les niveaux de solitude au milieu de l’adolescence prédisaient l’apparition d’un trouble dépressif majeur au début de l’âge adulte chez les personnes atteintes de TDAH.

Anxiété

La solitude, l’impulsivité et l’inhibition comportementale étaient toutes des prédicteurs significatifs de l’addiction à internet chez les TDAH (6)

Les jeunes TDAH conscients de leur différence et victimes de rejet.

Cela concorde avec les résultats selon lesquels les personnes atteintes de TDAH perçoivent leurs amitiés comme ayant moins de caractéristiques positives et plus négatives (7) et sont moins satisfaites de leurs réseaux sociaux (8), ce qui suggère qu’il existe un conscience d’un fossé dans leurs relations sociales. Un facteur possible qui pourrait expliquer la solitude accrue chez les jeunes atteints de TDAH par rapport à leurs pairs pourrait être le plus grand rejet des pairs et les difficultés sociales rencontrées (9)

Il est également possible que l’expérience de solitude associée au TDAH englobe plus que des difficultés sociales et liées aux pairs et qu’elle soit également liée au sentiment de différence. Les adultes atteints de TDAH ont exprimé un sentiment de solitude face à la souffrance liée à leur handicap, à leur maladie et à leurs soins, ainsi qu’un sentiment de différence, qui persistait depuis l’enfance (10).

Existe-t-il un biais de perception de soi chez le TDAH ?

Ceci est intéressant à la lumière de certaines théories postulant que les personnes atteintes de TDAH pourraient avoir des niveaux de solitude plus faibles en raison d’un biais de perception de soi qui les empêche de se sentir seuls, masquant ainsi les associations entre le TDAH et la solitude (11) . Par exemple, lorsque les enfants atteints de TDAH étaient comparés à ceux sans TDAH, mais avaient des difficultés sociales similaires, les enfants atteints de TDAH se considéraient comme plus populaires et plus compétents en relations interpersonnelles par rapport aux rapports des enseignants, tandis que les enfants sans TDAH avaient des notes similaires à celles des enseignants (12) ont rapporté que le diagnostic de TDAH était plus fortement associé à la solitude lorsque les préjugés sociaux de perception de soi étaient contrôlés.

Il est possible qu’un biais d’auto-perception affecte les rapports sur la solitude et que les conclusions de cette revue soient sous-estimées. Des recherches supplémentaires sont nécessaires estime la revue.

La solitude ressentie par les personnes atteintes du TDAH peut être plus prolongée, peut-être en raison à la fois de difficultés de fonctionnement social qui persistent souvent à l’adolescence et à l’âge adulte (13) et du sentiment de différence dû aux difficultés rencontrées en raison du TDAH.

La nécessité de supporter le développement des compétences psycho-sociales chez les TDAH

(…)De sorte que la formation aux compétences sociales et à la gestion des émotions, utile pour lutter contre la solitude passagère, peut être insuffisante (15) . Une meilleure compréhension de l’expérience de la solitude chez les jeunes atteints de TDAH, y compris ce qui contribue à leur solitude, pourrait aider à développer des interventions contre la solitude ciblées sur cette population. De plus, il pourrait être bénéfique de se concentrer sur l’amélioration d’autres aspects liés à la solitude, comme le renforcement des amitiés étroites (16).

Aller plus loin dans la prise en compte du sentiment de solitude chez les jeunes et les adultes TDAH

En conclusion, les résultats de cette étude soulignent l’importance de comprendre la solitude dans cette population, car les jeunes atteints de TDAH signalent des niveaux de solitude significativement plus élevés que leurs pairs non atteints de TDAH, et la solitude chez les jeunes atteints de TDAH est associée à une gamme de difficultés de santé mentale.

Malgré certaines limites, cette revue conforte la considération de la solitude comme faisant partie des nombreuses difficultés socio-émotionnelles que les jeunes atteints de TDAH sont plus à risque de rencontrer.

Comme il est recommandé que les interventions destinées aux personnes atteintes de TDAH ciblent les différents aspects de leurs difficultés (17), davantage de ressources devraient être concentrées sur la solitude en tant que concept distinct de l’isolement social et des difficultés des pairs.

Le TDAH est une maladie neurodéveloppementale complexe, associée à des risques plus élevés de comorbidités et d’effets indésirables, de sorte qu’une identification et un traitement précoces de la solitude peuvent être particulièrement importants dans cette population.

Comment renforcer les compétences psycho-sociales, tout en soutenant la capacité attentionnelle ?

Les compétence psycho-sociales, font appel à une estime de soi ajustée, or celle-ci, avec les échecs répétés dus aux comportements impulsifs et aux difficultés attentionnelles auxquels sont confrontés les personnes vivant avec des TDAh,  est sans cesse mise à mal. 

Le travail sur les 3 axes que sont l’entraînement attentionnel, la conscience corporelle, et la régulation émotionnelle sont une manière de commencer à engager des relations plus souples, plus ouvertes et plus simples et de sortir.

 La méthode du Dr Roger Vittoz offre se soutien fonctionnel au cerveau tout en permettant  à la personne de réparer son modèle socialisant fragile , en allant chercher et fortifier ses ressources internes.

Le thérapeute comme formateur et comme soutien va offrir un cadre sécurisant pour valoriser l’entraînement réalisé au quotidien par des exercices très simples et réparateurs.

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1 « Loneliness in Young People with ADHD: A Systematic Review and Meta-Analysis » : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/10870547241229096

2 (Hoza et al., 2005 ; McQuade & Hoza, 2008)

3 (Hawkley & Cacioppo, 2010)

4 (Houghton et al., 2020).

5 a – K-SADS-PL est un entretien diagnostique semi-structuré pour évaluer les troubles mentaux chez l’enfant et l’adolescent (6-18 ans). Il comporte une évaluation dimensionnelle et catégorielle des symptômes des épisodes actuels et passés de psychopathologie, afin de poser un ou plusieurs diagnostics selon les critères DSM-5.

5 c (Houghton et al., 2020 ; Houghton, Kyron, Lawrence et al., 2022 ; Meinzer et al., 2013).

6 (Li et al., 2016).

7 (Normand et al., 2011)

8 (Grygiel et al., 2018)

9 (Hoza et al., 2005; McQuade et Hoza, 2008).

10 (Björk et al., 2017)

11 (Hoza et al., 2005 ; Martin et al., 2019)

12 (Capodieci et al., 2019) (Martin et coll. (2019)

13 (S. S. Lee et al., 2011 ; Wehmeier et al., 2010)

14 (Björk et al., 2017)

15 (Qualter et al., 2015)

16 (Al-Yagon, 2016 ; Kingery et al., 2011 ; Smit et al., 2020).

17 (National Institute for Health and Clinical Excellence, 2018)

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